Je suis une passionnée de soins de la barbe et du rasage traditionnel. J'ai eu la chance de croiser un vrai professionnel et amoureux de cette profession ancestrale.
J'ai également eu l'opportunité d'acquérir des coupe-choux de grandes marques et d'une qualité rarissime, qui ont appartenu et sont passés entre les mains de professionnels d'antan.
Vous pouvez sans doute maintenant comprendre l'attachement que j'ai pour ces objets d'art, qui font à ce jour partie de mon quotidien.
Mes clients en ont pleinement conscience et profitent de ces instruments, associés à une technique de rasage empreinte de délicatesse.
Pour atteindre ce niveau d'excellence, la passion vient finalement sans effort nous rendre exigeants et rigoureux.
Malgré tout, pour que cette osmose fonctionne, il est impératif d'avoir entre les mains ces outils de précision dans un état irréprochable. Pour ce faire, j'ai récemment confié mes instruments au fabricant de couteaux et rasoirs Thiers-Issard, une maison fondée en 1884 et dotée d'une renommée qui n'est plus à prouver.
Vous observerez que dans les phrases suivantes, j'emploierai ce terme "professionnel", mais celui-ci ne correspond plus à sa définition initiale.
C'est donc entre les mains de ces "professionnels" que j'ai remis mes précieux coupe-choux, afin qu'ils puissent leur redonner un affûtage irréprochable et continuer à faire vivre des émotions inégalées dans cette pratique exigeante qu'est la barberie.
Je ne vous cache pas qu'il m'était difficile de me séparer de ces outils que j'affectionne tant, tout en étant impatiente de les retrouver dans leur état presque d'origine, avec un affûtage et un tranchant exceptionnels.
Je préférerais conclure cette tranche de vie sur une note positive, mais mon profond désarroi et ma grande tristesse m'obligent à mettre en lumière ce qui me touche profondément...
Le 29/11/24 , je réceptionne mes rasoirs avec une certaine émotion, qui a malheureusement basculé dans la colère et une profonde tristesse.
À l'ouverture, je découvre que mes joyaux, passés entre les mains de ces "professionnels", ont été massacrés. Je ne parle pas seulement d'un affûtage inexistant, visible et flagrant, mais d'une rénovation ayant totalement endommagé la partie métallique des rasoirs, anéantissant définitivement l'utilisation de ces anciens chefs-d'œuvre.
Nous ne sommes pas en présence de personnes simplement incompétentes se disant "professionnels", mais face à une pratique irrespectueuse de l'outil et de son propriétaire.
J'aurais tellement souhaité que ces personnes de la soi-disant prestigieuse firme me contactent pour m’informer qu'elles n'avaient ni l'outillage ni la compétence pour rénover ces objets de prestige sans risquer de les détériorer.
À ma grande stupéfaction, le résultat a été catastrophique.
La Colombe : Ce rasoir, auquel je tiens plus que tout, est revenu méconnaissable. Le fil de la lame a été tellement mal retravaillé que ses proportions sont désormais déformées : plus large à la base, plus fine vers le nez. Pire encore, la publicité gravée sur la lame, témoignage de son époque, a été polie jusqu’à disparaître. En prime, il ne coupe pas mieux qu’un couteau bon marché. Ce rasoir, avec lequel j’ai appris, travaillé et évolué dans mon métier, est devenu un objet sans âme et inutilisable.
Dovo Solingen : Comme pour la Colombe, la lame ne coupe pas. Les dorures et inscriptions, symboles de son authenticité et de sa beauté, ont été effacées par un polissage inapproprié. Les arrondis originaux de la lame sont détruits également, et le nez, qui aurait dû rester lisse, est désormais tranchant et dangereux. Un massacre total.
Kabrand : Le moins endommagé des trois, mais il ne coupe pas non plus. De plus, la chasse en plastique présente maintenant des taches verdâtres et jaunâtres qui n’existaient pas avant l’intervention.
Cette expérience a des répercussions bien au-delà de ma déception personnelle : elle impacte mon activité, surtout en cette période de fêtes où mes clients espéraient profiter de ces coupe-choux d’exception.